par Observateur Continental
Le méga-projet européen, le Système de Combat Aérien Futur (SCAF), est sur le point d'échouer.
«Le SCAF en crise, le méga-projet d'armement européen menace d'échouer», rapporte le Berliner Zeitung.
«L'Allemagne, la France et l'Espagne (un projet commun entre la France, l'Allemagne et l'Espagne) se disputent le leadership dans le développement d'un système de combat aérien européen. Ce projet de deux mille milliards d'euros risque désormais d'échouer», précise le quotidien de Berlin.
La raison de la crise actuelle en est «la volonté de la France de contrôler de manière dominante le composant central du système, le chasseur de nouvelle génération (NGF)», continue le Berliner Zeitung : «Le constructeur aéronautique français Dassault Aviation, soutenu par le gouvernement parisien, exige une participation de 80% dans le développement de l'avion de combat».
C'est, selon le Berliner Zeitung, «une étape qui détruirait la division du travail négociée depuis des années avec l'Allemagne et l'Espagne - et pourrait mettre un terme à l'ensemble du projet».
Si la demande n'est pas retirée, cela sonnera probablement le glas du projet, prévient Christoph Schmid, rapporteur SPD pour l'armée de l'air et le SCAF à la commission de la Défense du Bundestag dans un entretien avec Hartpunkt. «Nous ne pouvons pas accepter cela», a-t-il déclaré. «Accepter cette demande reviendrait à renoncer à une trop grande indépendance et à une trop grande souveraineté, et, à terme, à financer un projet français avec des fonds allemands», dénonce-t-il.
«Les différends au sein du consortium FCAS auraient déjà conduit au fait que les appels d'offres pour la phase 2 du projet ne sont toujours pas finalisés. Cette phase vise à construire des démonstrateurs capables de voler», fait savoir le site spécialisé dans les domaines de la défense, de la politique de sécurité et de l'armement.
«Selon une étude de l'Association allemande des industries aérospatiales (BDLI), les 38 Eurofighter de la tranche 4 assurent à eux seuls environ 7800 emplois de haute technologie pour la Bundeswehr dans plus de 100 entreprises en Allemagne», stipule Hartpunkt. Au-delà, selon la BDLI, environ 30 000 emplois dans les entreprises participantes et leurs fournisseurs dépendent du projet FCAS.
«Ce conflit évoque l'histoire de l'Eurofighter : à l'époque, la France s'était également retirée du projet, sa volonté d'y jouer un rôle central ayant échoué, et avait développé seule le Rafale. Aujourd'hui, Dassault semble adopter une approche similaire. Lors du Salon du Bourget, mi-juin, le PDG de Dassault, Éric Trappier, a souligné que son entreprise pouvait construire un avion de combat sans partenaire, et a ouvertement suggéré de se retirer du SCAF si elle n'obtenait pas le leadership du NGF», conclut le Berliner Zeitung.
Déjà en 2021, Observateur Continental avertissait que le projet SCAF était déjà en train de sombrer car un rapport secret allemand dévoilait la volonté de Berlin de se retirer du projet.
source : Observateur Continental